dimanche 25 mai 2025

JOLIE BOUTEILLE, SACRÉE BOUTEILLE...

Amis blogueurs, bonjour !


Un cadeau récent de l'ami Christian me remet en mémoire le refrain d'une chanson de Graeme Allwright :

"Jolie bouteille,
Sacrée bouteille,
Veux-tu me laisser tranquille..."


Graeme Allwright (1926 - 2020) était un auteur-compositeur-interprète franco-néo-zélandais non conformiste. Il est connu pour avoir introduit le folk-blues en France et notamment pour ses adaptations des chansons de Léonard Cohen.


Le cadeau ?
Un flacon de Petite Liquorelle par Moët et Chandon. 





Christian savait que j'aimais les bouteilles anciennes et avait vu chez moi une très ancienne bouteille de champagne que j'ai présentée ici il y a quelques années :


J'ai toujours cette bouteille, ainsi que sa "petite sœur" parfois qualifiée de bouteille ou quart de paquebot : elles auront maintenant une nouvelle amie.



Champagne !


Décrivons notre bouteille :

Les étiquettes de cette Petite Liquorelle produite par Moët & Chandon décrivent une boisson pétillante à servir très frais.
La première étiquette nomme le produit et indique que La Petite Liquorelle pétillante est élaborée sous le contrôle de Moët & Chandon. Elle donne aussi la contenance de la bouteille : 20 cl et la teneur en alcool : 18 ° (à consommer donc avec modération !).
La seconde étiquette indique que la Petite Liquorelle est distribuée par Moët-Hennessy. Cette société alliant à l'origine le cognac Hennessy au champagne Moët & Chandon est aujourd'hui une société holding constituant la branche "Vins & Spiritueux" du Groupe Louis Vuitton-Moët-Hennessy (LVMH).  
Cette seconde étiquette donne aussi la composition de cet "apéritif à base de vin" : vin, eaux de vie de vin, vin de liqueur, sucre, extraits végétaux.*

La bouteille est de couleur vert sombre.
Elle mesure 15 cm de hauteur.
Son corps, sphérique, a un diamètre d'environ 8 cm.
Elle est bouchée comme une bouteille de champagne, avec cape (brune), muselet et capsule de muselet.



Capsule de muselet Petite Liquorelle, vue sur le net.



Que pouvons-nous dire de son histoire ?

Moët & Chandon, cherchant à attirer la clientèle des jeunes urbains branchés, mit au point ce "cocktail champagne" au début des années 80. Conditionnement et format visaient une consommation individuelle éventuellement renouvelée.
Avec une recette à base de marc et de vin de champagne, la teneur effective en alcool : 18/5 = 4,5 g, correspondait approximativement à celle cumulée de deux consommations traditionnelles : 10 cl de spiritueux par exemple, tandis que le côté pétillant devait proposer une "passerelle" vers le champagne.

Des objets de communication ont été distribués par le marketing pour encourager les ventes : seau à glace, boîtes d'allumettes...



Le seau à glace



Des boîtes d'allumettes 
(collection Laurent Lachaud)


Mais le succès commercial ne fut pas au rendez-vous et la fabrication de la Petite Liquorelle finit par être abandonnée par Moët & Chandon en 1993.


Beaucoup de ces petites bouteilles ont cependant dû être ouvertes et bues, au point que celles qui ont été conservées sont aujourd'hui "collector", comme d'ailleurs la capsule de muselet.


Je ne connaîtrai pas le goût de la mienne !



M

jeudi 22 mai 2025

FIN DES ANCIENS ETABLISSEMENTS J. PERILLE... LA RECHERCHE CONTINUE !

 
Amis blogueurs, bonjour !


Publier un livre ne signifie pas cesser de chercher !


L'échange avec les lecteurs peut même relancer les recherches sur un point ou un autre, comme ici à propos de la fin de l'aventure Pérille :



Vente de Coubertin 
Le Démocrate de Seine-et-Marne du 19 mars 1938
(Montage à partir de Gallica)



Liquidation des marchandises des A.E.J.P.
La Journée industrielle 22 juin 1938
(Gallica)



J'évoquais cette fin dans mon récent livre :
Tire-bouchons français
Fabricants, catalogues et documents commerciaux
(Editions WikEdito - Paris - Mars 2025)



Livre encore disponible, 
prix de souscription maintenu : 70 € + frais d'envoi


Je décrivais, pages 145 et suivantes, la fin des Anciens Etablissements J. Pérille (A.E.J.P.) : le dernier propriétaire, Louis Dequeker, en avait confié la direction à un neveu, Marcel Dequeker, personnage sulfureux s'il en est, lequel conduisit  l'entreprise à la faillite et à sa fermeture définitive le 4 septembre 1937, deux ans plus tard seulement.

Je m'étonnais, comme Gérard Bidault avant moi de ce qu'en 1931 - je cite  : 
"Propriétaire récoltant du bordelais, Louis Dequeker va, depuis son château de Veyres, à Preignac en Gironde, devenir administrateur de l’ancienne société Pérille. Comment cet homme est arrivé à l’acquisition de l’entreprise ? C’est une énigme."
(Gérard Bidault in Les tire-bouchons français - Editions Godefroy - 2005).

Cette énigme a continué de m'interpeller, me poussant à continuer les recherches sur les Dequeker, avec l'aide précieuse de Pascale Lhermitte, mylokaphéphile et, pour moi, chercheuse attentive et efficace sur les sites spécialisés (Gallica, Archives Départementales, INPI...).

Voici donc les quelques éléments supplémentaires que nous avons retrouvés :


Les Dequeker : des joueurs de trictrac ?


Le patronyme Dequeker est porté dans le nord de la France et en Belgique. Il signifie en langue flamande : joueur de trictrac ("queker") ! 
Le trictrac est ce "jeu de hasard raisonné" qui inspira à Blaise Pascal sa théorie mathématique sur les probabilités, dite "Géométrie du hasard".



Les joueurs de trictrac par Mathieu Le Nain, vers 1640
(L'original se trouve au Louvre, Paris)



La famille Dequeker


Les parents de Louis Dequeker, "Louis" François Joseph Dequeker (1825-1873) et Julie Mélanie Decoopman (1827-1903), eurent six enfants :
- Marie Sophie Philomène,
- "Achille" Adolphe Joseph,
- Charles Auguste Joseph,
- "Georges" Victor,
- Louise Julie Augustine,
- "Louis" Alphonse Joseph.

Trois membres de cette fratrie nous intéressent plus directement : 
- "Georges" est le père de Marcel, celui-là même qui conduira les A.E.J.P. à la faillite,
- "Achille", un des oncles, est le père d’Achille Marius Jules Charles, constructeur de chemins de fer, et le grand-père de Suzanne qu’épousera Marcel en secondes noces (et dont il divorcera) ; Achille Marius sera donc un temps le beau-père de son neveu Marcel,
- "Louis" sera le patron des A.E.J.P. et aura la mauvaise idée d'en confier la direction à Marcel.


Comment "Louis" Alphonse Joseph Dequeker s'est-il retrouvé 
à la tête des Anciens Etablissements J. Pérille ?


Louis est né le 29 janvier 1863 à Rinxent, dans le Pas de Calais. La date de son décès reste  inconnue.
Il s’est marié trois fois :
- le 8 avril 1885, Paris 6°, avec Blanche Hélène Joncourt (1864 - ?) : divorce avant 1900. [Blanche Hélène Joncourt s’est remariée en 1900 à Leloutre Jean Baptiste].
- le 27 février 1903, Paris 18°, avec Marie Louise Latour 1881-1904, laquelle le laissera veuf un an plus tard.
- le 11 octobre 1906, Paris 18°, avec Marie Augustine Émilie Guérin (1878 - ?).

En 1906, selon l’acte du troisième mariage, Louis Dequeker se déclare entrepreneur de travaux publics, habitant 2 rue Camille-Tahan,Paris 18°.

1907 : Achille (Marius Jules Charles) Dequeker et son oncle Louis Dequeker figurent tous deux dans l'Annuaire général de l'industrie et du commerce du 01 janvier 1907. Louis est effectivement mentionné comme entrepreneur de travaux publics.

 

Annuaire général de l'industrie et du commerce [...] 
de Paris et du département de la Seine - 01 janvier 1907


1917 : Achille Marius Jules Charles Dequeker meurt au combat, lors de la bataille de Verdun. Il sera fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'Honneur à titre posthume.
1921 : On retrouve Louis Dequeker comme représentant des héritiers de son neveu décédé pour reprendre la concession d’une ligne de chemin de fer d’intérêt local.

1931 : Louis Dequeker est administrateur de la Société Immobilière Industrielle et Commerciale du Grand-Morin (S.I.I.C) : cette société semble avoir été montée comme support à ses opérations immobilières.

La S.I.I.C. reprend cette année-là les Anciens Etablissements J. Pérille dans des conditions complexes qui ne seront élucidées que lors de la faillite finale, grâce à l'expertise de Me Hurel, Huissier à Coulommiers : 
Le 9 juin 1931, le Tribunal Civil de Coulommiers avait converti "en vente sur publications volontaires la saisie réelle immobilière pratiquée sur M. Georges Creuse, industriel et Mme Juliette Florence Jacoutot, son épouse". 
Le même tribunal avait procédé ensuite à l'adjudication des immeubles à la S.I.I.C., laquelle deviendra alors la "Société Anonyme des Anciens Etablissements J. Pérille". 



De Creuse à la S.I.I.C. du Grand-Morin, puis à la S.A. des A.E.J.P.
Le Démocrate de Seine-et-Marne du 19 mars 1938 (Gallica)


Résumons : Georges Creuse et son épouse, débiteurs de la S.I.I.P., ont été contraints de régler leurs dettes en lui cédant l'entreprise.

La même année 1931, Louis Dequeker acquiert le domaine du Château de Veyres à Preignac (Gironde). Il est propriétaire, mais pas exploitant, contrairement à ce que nous pouvions penser. 
Pour preuve, il publie cette année-là une offre d’emploi pour recruter une famille de vignerons-laboureurs.



La Dépèche 17.03.1931 (Gallica)


Il fera paraître de même en 1936, une offre d’emploi pour exploiter d’autres terres à Cantois (Gironde), à une vingtaine de kilomètres plus au nord :

Louis Dequeker apparait comme un homme d’affaires d’envergure, investissant dans diverses activités avant d'en déléguer la gestion.

Et c'est ainsi que, vers 1935, il confie la direction des Anciens Etablissements Jacques Pérille à son neveu Marcel, probablement en difficultés financières en raison de frasques coûteuses.
La gestion calamiteuse de Marcel aboutira deux ans plus tard à la faillite.


Marcel Jean Louis Dequeker, fossoyeur de Pérille


Marcel Jean Louis Dequeker, fils de "Georges" Victor Dequeker (1858-1911) et de Henriette Julie Céline Dervillez (1865-1930) est né le 21 décembre 1897 à Cherbourg-Octeville, Manche. Sa date de décès ne nous est pas connue.

Comme son oncle Louis, Marcel Dequeker aura eu une vie conjugale compliquée :
- Marié le 8 octobre 1923 à El Paso, Texas, USA, avec Jeanne Marie Etiennette Sassin (1896 - ?).
- Marié le 16 novembre 1929 à Paris 16°, avec sa cousine Suzanne Marguerite Dequeker (1907-1986), dont il aura deux fils : Alain et Philippe Achille. [Le divorce suivra et Suzanne se remariera le 30 septembre 1938 avec Anatole Simonod.]
- Concubinage avec une troisième compagne, Ruth Burello, finlandaise, domiciliée rue des Sablons à Paris.
- Marié le 15 septembre 1947 à Rio de Janeiro, Brésil, avec Aziadée Tinoco Lara (1913-1996) avec laquelle il aura quatre enfants : Jacques Joaquim Wladimir, Cristina Mercedes, Patricia Roxana et Catherine Marguerite.


Marcel Dequeker est un aventurier :

Les articles parus dans la presse au moment de son interpellation nous apprennent que :
- Il avait mené après la fin de la première guerre mondiale une vie d'aventurier au sein de mouvements insurrectionnels en Amérique du Sud, entre Vénézuéla, Pérou, Cuba, Colombie, Brésil, Argentine et enfin Mexique, au point d'être partout interdit de séjour.
- C'était un trafiquant d'armes, "cagoulard" membre de l'organisation extrémiste française des années 30 (O.R.S.A.M. ou C.S.A.R.), proche des généraux Franco (Espagne) et Cedillo (Mexique), ce dernier l'ayant nommé colonel.
- Revenu en France, il mena grande vie entre stations balnéaires à la mode et villes d'eau, dépensant sans compter.
- Pour le stabiliser peut-être, il se vit confier par son oncle la direction des A.E.J.P. qu'il conduisit à la faillite.
- Il créa ensuite une entreprise spécialisée dans le caoutchouc (SIMPLEX ?), à laquelle il achetait en son nom des équipements militaires pour les revendre aux insurgés espagnols et mexicains.
- il est interpellé le 15 août 1938 pour trafic d'armes, soit un an après la faillite des A.E.J.P. de Louis Dequeker.





De nombreux journaux ont fait état de son interpellation, mais Marcel Dequeker est relâché à l’issue de sa garde à vue. On ne trouve plus d'écho de cette affaire dans la presse des mois suivants.

- On perd ensuite la trace de Marcel Dequeker, jusqu'à le retrouver au Brésil après la seconde guerre mondiale (mariage avec Aziadée Tinoco Lara en 1947).


-/-


Que conclure à ce stade ?

Issu d'une famille aisée, où héros (Achille) et anti-héros (Marcel) se côtoient et où les scrupules n'entravent pas vraiment l'action, Louis Dequeker, dernier propriétaire des Anciens Etablissements J. Pérille, laisse l'impression d'un entrepreneur ambitieux, s'étant appuyé sur la SIIC du Grand-Morin pour saisir des opportunités et réaliser des acquisitions sans autre rapport les unes avec les autres que l'intérêt  financier.

La fabrication de tire-bouchons devait être bien secondaire, particulièrement pour Marcel Dequeker, comme le montre d'ailleurs la qualité médiocre des modèles de cette époque :



PRESTO, AERO et CREMAILLERE 
époque des Anciens Etablissements J. Pérille (1931 - 1937)


-/-


Alors, que doit-on en penser : ces Dequeker étaient-ils de bons joueurs de trictrac ?



M



lundi 19 mai 2025

18 MAI 2025 : BALADE AUX PUCES DE THIONVILLE

 

Amis blogueurs, bonsoir !


Je vous parle souvent des belles Puces de Metz ou de celles d'Arlon dans la proche Belgique. Je vous entraîne parfois dans les vide-greniers des villages meusiens. Mais ce dimanche, mon choix de chine s'est porté sur les Puces de Thionville.

Organisées Place de la Liberté, de 6h à 12h les premiers et troisièmes dimanches, ces Puces sont caractérisées par un prix de place très bon marché : 3 € le mètre linéaire, attractif pour les particuliers, vendeurs occasionnels. 
Bien sûr le niveau qualitatif s'en ressent : beaucoup de fripes, d'électroménager, d'outils, de vaisselle, de colis non ouverts et autres gadgets d'origine chinoise, mais les stands sont si nombreux que de bonnes trouvailles peuvent encore s'y faire.

C'est aussi le rendez-vous des copains. 
Comme dans la chanson de Brassens, Les Copains D'abord : 
"Au rendez-vous des bons copains,
Y'avait pas souvent de lapins,
Quand l'un d'entre eux manquait a bord,
C'est qu'il était mort."
Les rencontres entre habitués sont nombreuses et les absences sont alors longuement commentées : accident, maladie, changement de vie... ou mort !

Celui-ci chine des instruments de mesure, celui-là recherche les modèles originaux de clés à molette, d'autres accumulent les objets des années 50, les objets de tranchées, les poupées en celluloïd, les cartes postales anciennes ou les pochettes de 33 tours : tout est dérisoire, tout est important... comme les tire-bouchons que je recherche !


Viens-en au fait ! me direz-vous.
J'avais un peu l'âme vagabonde ce dimanche et ma chine en témoigne :



Toutes mes trouvailles !


L'ancienne boîte métallique avait attiré mon attention par son décor de naïades : je l'ai prise en mains pour tenter de l'identifier. "10 cents !", m'a proposé le vendeur. Comment résister ?... même si je ne ferai probablement rien de ce que je crois être une vieille boîte de cigarettes Saarnixe n° 3 !

Le "Vinoscope de Contassot" était plus dans mon cœur de cible : l'instrument permet de reconnaître le degré alcoolique d'un vin.




La vendeuse, pas sûre d'elle, a dû demander l'assistance de son mari pour qu'il m'explique le fonctionnement...

Je trouvai un peu plus loin le tire-bouchon : "trop basique pour vous" me dit le vendeur qui me connait.




Et pourtant, non. Ce "deux-doigts" sort de l'ordinaire avec sa poignée ouvragée. J'ai bien une sensation de déjà-vu, mais impossible d'identifier son fabricant : peut-être pourrez-vous me le dire ?

Ajoutons à l'inventaire le couteau demi-lune pour trancher le cuir, que j'ai eu plaisir à nettoyer sitôt rentré chez moi.




Sous l'oxydation, pas de nom de fabricant, mais une marque de fabrique : un cheval au galop.


Et puis, il y eut la meilleure trouvaille : un anémomètre Richard dans son coffret-écrin... une vraie conversation !




Mes petits-enfants y ont vu un microphone pour l'un, un appareil à faire du vent pour l'autre. 

Je me dis qu'ils ont sûrement raison et que cet appareil pourrait bien servir à un politique (du camp que vous voudrez !) à faire un peu de vent en discourant !


-/-


N'oubliez pas : je compte sur vous pour identifier mon petit tire-bouchon !




M

 


dimanche 11 mai 2025

QUELQUES REFLEXIONS SUR UNE BOUTEILLE ANCIENNE

 Amis blogueurs, bonsoir !


J'aurais aimé vous entretenir d'une bouteille, mais elle me résiste !
Voici donc seulement :

Quelques réflexions sur une bouteille ancienne


Resituons d'abord cet achat.
C'est à la brocante de Chambord que j'ai acheté ma bouteille ce 1er mai 2025.
Si Chambord 2024 s'était déroulée sous la pluie, l'édition 2025 était au contraire très ensoleillée.



La brocante vue de la terrasse du château


Devant être présent sur un stand avec des amis, j'eus davantage l'opportunité de rencontrer des collectionneurs connus que celle de chiner.

Une courte escapade vers la buvette me permit cependant de voir de beaux stands, mais pas de me laisser tenter par des tire-bouchons peut-être un peu chers.



L'escapade au pied du château


Ma seule acquisition fut donc celle d'une bouteille :







3 vues : de face, du dessus et du dessous


Que peut-on en dire ?

C'est une bouteille soufflée à la bouche et donc striée.
Elle ne comporte ni "couture", ni aucune trace du moule ou sabot dans lequel elle a dû prendre corps.
Le verre est de couleur vert olive foncé. Il renferme beaucoup de bulles et quelques défauts.
La hauteur de la bouteille est de 25 cm. 
Vide, elle a une masse de 1020 grammes. Emplie d'eau (densité 1), sa masse est d'environ 1840 grammes. Sa contenance correspond au volume de l'eau contenue, calculée par différence entre les deux masses, soit environ 820 g ou 82 cl.

Le fût est de forme tronconique inversée, le diamètre variant de 10,5 cm à la base, jusqu'à 11,3 cm au diamètre le plus large, soit à 10 cm de hauteur.
Les épaules sont marquées.
Le col, légèrement désaxé, est conique, variant du bas en haut de 4,5 à 3,1 cm ; il mesure environ 10 cm.
Une bague de col large de 0,7 cm et de section grossièrement triangulaire  (cf. 2ème photo) est rapportée en haut du goulot, faisant passer son diamètre extérieur de 3,1 cm à 4,4 cm. Le bord a été tranché, certainement à l'aide de ciseaux de verrier.
On y voit des ébréchures (cf. 1ère photo) explicables par l'utilisation en levier d'un poinçon ou d'un pique-fût pour retirer le bouchon.
Le fond comporte une piqûre "en auge" assez profonde (5 cm), avec présence d'ébréchures ou traces de pontil (cf. 3ème photo). 

Rappelons que le fonçage était l'opération qui permettait au maître verrier de "régler" à vue la contenance de la bouteille, tout en en lui donnant une base stable. Il s'effectuait à chaud, bouteille maintenue au bout de la canne de souffleur, en poussant une seconde canne, ou pontil, contre le fond de la bouteille.
Ce fonçage au pontil a caractérisé les fabrications de bouteilles jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; le XIXe siècle verra la technique évoluer : le pontil utilisé pour le fonçage se terminera alors en cupule laissant au fond de la bouteille une empreinte "en boule".



En prenant en compte ces éléments :
Je crois pouvoir affirmer que cette bouteille est française et date de la seconde moitié du XVIIIe siècle, avant la mise en œuvre du système métrique.
Sa forme et sa contenance, non standardisées, me conduisent à penser qu'il doit s'agir d'une bouteille normande, destinée à l'eau-de-vie de cidre.


Additif : j'ai relu, depuis la publication, un article de Thierry De PUTTER, paru sur ACADEMIA 
Thierry De PUTTER est "Royal Museum for Central Africa, Faculty Member".
Son article est intitulé :
Quelques réflexions à propos de l’étude des bouteilles d’usage en France au XVIIIe siècle.

Cette lecture m'incite à ajouter qu'en ce qui concerne ma bouteille le ratio entre la hauteur totale A = 25 cm et la hauteur du fût mesurée au point où le diamètre est le plus large avant de diminuer B = 10 cm est de A/B = 2,5, ce qui tend à corroborer une datation comprise entre 1730 et 1760.



Illustration de l'article de Thierry de Putter


-/-


Bien sûr le risque d'erreur existe et je prendrai volontiers en compte vos observations.



M



dimanche 4 mai 2025

WHO'S WHO : PHILIPPE BLEUSE

 
Amis blogueurs, bonjour !


La récente visite de cet ami et de son épouse Brigitte m'obligent à vous proposer un nouvel article :

WHO'S WHO : Philippe BLEUSE


Philippe ne collectionne presque plus : il court ! 
Et son semi-marathon de Nancy l'a amené jusqu'à nous, enfin... pas à pied, tout de même : nous habitons à près de 100 kilomètres de Nancy !



Philippe et Brigitte, dégustant le Beaune "Les Blanches Fleurs" 2014
d'un autre ancien du CFTB, René Lamy-Pillot


Avec la pandémie COVID, la vie de Philippe et Brigitte a complètement changé : retraite, maison vendue au profit d'un appartement citadin plus petit... 
Alors la collection de tire-bouchons a été remisée en attendant un agrandissement espéré qui permettrait de la présenter. 
Surtout, le confinement a été l'occasion pour Philippe de se découvrir une nouvelle passion sur le tard : la course à pied. D'abord pendant une heure et dans un rayon de un kilomètre, muni de son "attestation de déplacement dérogatoire"... vous vous souvenez ?



Mars 2021, 4 ans déjà !


Mais Philippe, une fois libéré de la contrainte, n'a pas guéri de ce virus-là : il court toujours et est dur à rattraper !


-/-


Nous avons quand même pris le temps tous les deux d'une interview pour vous présenter celui qui restera comme l'un des fondateurs du Club Français du Tire-Bouchon.


Question : Philippe, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Réponse : On peut dire que, comme le livreur Nectar, je suis né et ai grandi chez NICOLAS !



Philippe - Nectar


Mes parents tenaient en effet un magasin NICOLAS. Ma mère, particulièrement, était un "nez", justement reconnu des clients œnophiles. Et bien sûr il y avait quelques tire-bouchons à la maison, dont un figuratif anglais marqué CYMRU, à la poignée de bronze peu pratique, mais ayant néanmoins beaucoup servi, comme le montre l'état de sa mèche :




Je l'aimais bien et je l'ai toujours : il est peut-être à l'origine de ma collection.
J'ai grandi, pas trop scolaire, jusqu'à découvrir les formations en maraichage et particulièrement celle de fleuriste : je voulais m'établir à mon compte, et cette spécialité était, financièrement parlant, la plus accessible.


Q. Et tu as rencontré Brigitte...

R. Oui, le normand a rencontré la bretonne, ou bien la coiffeuse a rencontré le fleuriste. Nous nous sommes installés en région parisienne et nous ne nous sommes plus quittés.


Q. Tel Obélix, tu étais donc tombé dans la marmite hélixophile tout petit ? 

R. On peut dire ça. Et puis, une boutique NICOLAS, c'est un environnement convivial, entre la décoration, les bouteilles, les couleurs. C'est une ambiance, des discussions entre spécialistes (ou pas !), de longues conversations, des rires... 
La Maison NICOLAS a toujours joué sur la qualité, notamment au travers de ses luxueux catalogues, illustrés par de grands artistes, d'origine russe comme Cassandre, néerlandaise comme van Dongen, ou suisse comme Carlègle. Un vrai sujet de collection pour moi, avant même les tire-bouchons.



Philippe, tenant le catalogue des grands vins NICOLAS 1953, 
sous le signe de Don Quichotte, illustré par Léo Gischia.



Le catalogue NICOLAS 1953


Et comme cette collection-là ne prend pas beaucoup de place, j'ai pu la garder à portée de main.


Q. Je voulais t'interroger sur tes débuts de collectionneur de tire-bouchon, mais je crois que tu as déjà un peu répondu, non ?

R. Oui, l'ambiance NICOLAS et les tire-bouchons de mes parents se sont conjugués avec mon goût de la brocante. J'aimais chiner et j'ai entassé très vite quelques dizaines de tire-bouchons que j'achetais à petit prix.


Q. Tu te souviens du premier que tu as chiné ?

R. Bien sûr ! C'était un tire-bouchon en "T" à poignée de corne et belle mèche : celui-là aussi est toujours à portée de main.





Q. As-tu recherché par priorité un type de tire-bouchons : mécaniques, figuratifs, publicitaires... ?

R. Non. J'étais trop content quand j'en trouvais que je ne possédais pas ! Et j'ai continué comme ça.


Q. Une trouvaille préférée quand même ?

R. Un souvenir que j'aime bien est d'avoir repéré sur un stand de brocante une statuette de femme noire, vêtue d'une jupe rouge, vendue comme casse-noix, mais dont la tête dissimulait un tire-bouchon. Le vendeur, ne l'ayant pas vu, fut plus surpris que moi ! La statuette était une œuvre d'Eugène Volynkine, dont j'ignorais tout alors : une vraie bonne trouvaille !


Philippe avait présenté ce modèle dans L'Extracteur n° 84 de décembre 2016.
Seule la couleur de jupe diffère.



Q. Peux-tu me dire quel sens avait pour toi le fait de te mettre à collectionner les tire-bouchons ?

R. Je crois que cette quête ravivait pour moi le souvenir de cette enfance heureuse passée avec mes parents dans une boutique NICOLAS. J'ai d'ailleurs tenu une telle boutique pendant deux mois alors que j'étais étudiant.


Q. Une autre question rituelle concerne ta façon dont tu as choisi de présenter ta collection. Es-tu un "collectionneur vitrine" ou un collectionneur placard" ?

R. Ma mère m'a offert très tôt une vitrine pour exposer mes tire-bouchons. J'imagine qu'elle était fière de la collection de son fils ... peut-être collectionnait-elle ainsi par procuration ? J'ai acheté ensuite une autre vitrine pour présenter ceux que je considérais comme les meilleures pièces. A la longue, le reste, il faut l'avouer, finissait dans des cartons !


Q. Et puis tu t'es retrouvé dans l'aventure du Club Français du Tire-Bouchon, raconte !

R. Lisant régulièrement la revue Aladin, je suis tombé un jour sur un article évoquant un appel à collectionneurs pour fonder un club. Un nom et une ville était cités, le nom était celui de Gérard Bidault. J'ai fait une recherche sur mon Minitel * et ai repéré un imprimeur nommé Gérard Bidault. J'ai appelé : c'était le bon ! Et Gérard m'a entraîné dans l'aventure ! Une aventure qui a duré 25 ans, jusqu'à la pandémie COVID...

[* NDLR à l'adresse de pour nos amis étrangers : le Minitel fut en France l'ancêtre de l'ordinateur.]


Q. Gérard Bidault, une rencontre qui marque, n'est-ce-pas ?

R. Oui, la soirée passée chez Gérard et Hélène Bidault restera pour moi le souvenir le plus fort de ma vie de collectionneur. J'y ajouterai une autre rencontre de brocante, inopinée celle-là, avec celui qui serait à son tour président du CFTB : Marc Poncelet.


Q. Tu chinais donc sur les vide-greniers de village ? Mais jamais en salle des ventes ou sur le net ?

R. Non, je ne suis pas "accro" aux nouvelles technologies (dit-il, en consultant sa montre connectée !). Je chinais uniquement en brocante, préférant le côté "chasse au trésor", plutôt que l'achat convenu.


Q. As-tu collectionné d'autres objets ?

R. J'ai eu des collections d'enfants : petites cuillères souvenirs de voyage, timbres-poste, notamment les timbres russes pour avoir séjourné dans ce pays. J'ai recherché aussi les outils de coiffeur, pour permettre à Brigitte de décorer son salon de coiffure.


Q. Est-ce encore le cas ?

Non, tout ça c'est du passé : dans le "monde d'après" (d'après le COVID) je ne chine plus, je cours ! Brigitte préfère : cette passion coûte moins cher que la collection de tire-bouchons et occupe moins de place dans notre appartement !
Et les clubs sportifs sont sympas aussi !


-/-


Ce sera le mot de la fin.
Remercions Philippe d'avoir bien voulu répondre à nos questions et laissons le courir vers de nouveaux horizons...
Mais je ne désespère pas d'être invité un jour à l'inauguration d'une nouvelle salle d'exposition de ses tire-bouchons !



M


P.S. : Rappelons que :
- le blog ne vit pas de la publicité,
- surtout, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et vous êtes donc invités à consommer avec modération.


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